- ULCÉRATIONS
- ULCÉRATIONSULCÉRATIONSPerte de substance cutanée suffisamment profonde pour entraîner une cicatrice indélébile. Qu’elle fasse suite à une autre lésion dermatologique (bulle, pustule, gomme, nodule, tumeur) ou qu’elle apparaisse d’emblée, ses causes sont très variées.Les ulcérations artificielles relèvent de manipulations de produits caustiques au cours de l’activité professionnelle du patient. Le chlore, l’aniline, l’arsenic, le chrome (pigeonneau) sont le plus souvent en cause.Les radiodermites ulcéreuses , qui aboutissent à plus ou moins longue échéance à des radiodermites scléroatrophiques, sont graves par leur évolution habituelle vers la cancérisation.Plusieurs maladies sexuellement transmissibles (M.S.T.) donnent lieu à des lésions ulcéreuses d’emblée. C’est le cas dans le chancre mou dû au bacille de Ducrey, douloureux et purulent, et dans l’ulcération anodine de la maladie de Nicolas Favre, due à Chlamydia trachomatis .Les ulcérations syphilitiques correspondent, quelques rares fois, à un accident primaire qui a pu s’ulcérer du fait de son siège (menton, sein, doigt) ou d’atypies diverses. En règle générale, l’exulcération siège sur un organe génital et se reconnaît, par sa coloration «chair», sans limites franches, sa base indurée et son indolence. Les syphilides érosives secondaires n’ont pas les caractères du chancre initial, mais sont tout aussi contagieuses.L’ulcération de la gomme syphilitique tertiaire quel qu’en soit le siège (peau ou muqueuses) est caractérisée par sa forme arrondie, ses bords infiltrés taillés à pic, son fond bourbillonneux, creusé peu à peu dans la masse caséeuse.Les ulcérations tuberculeuses peuvent être secondaires à un chancre d’inoculation, à des lupus, à des dermohypodermites, à des gommes. Les ulcères tuberculeux ont une forme irrégulière, des bords violacés décollés, déchiquetés, un fond granuleux jaunâtre et purulent. Ils se groupent parfois sur les placards infiltrés développés autour d’adénopathies fistulisées (écrouelle). L’antibiothérapie antituberculeuse en obtient la cicatrisation.Les ulcérations malignes , aboutissement fatal de toute tumeur cancéreuse, peuvent avoir d’emblée le caractère ulcéreux. Ses bords taillés à pic, son fond vernissé souvent recouvert d’une croutelle que l’ablation fait saigner, sa base infiltrée, le bourrelet perlé qui l’entoure, sa persistance malgré les traitements font identifier aisément cet ulcus rodens . Une biopsie permet d’en reconnaître la variété et un traitement chirurgical ou radiothérapique le guérit.Les ulcérations dues à des pyogènes (pyodermites froides) peuvent se voir après des pyodermites diverses, d’évolution chronique sur certains terrains débilités. Aux jambes, sur un terrain analogue, l’ecthyma réalise une ulcération recouverte d’une croûte ou d’une phlyctène au toit fragile, aux bords taillés en pic, au fond purulent à la base œdémateuse, à évolution torpide.Les champignons pathogènes d’espèces très diverses entraînent également des ulcérations secondaires à des gommes (actinomycose, sporotrichose, mycétome), à des placards végétants (blastomycoses, cryptococcose) et plus rarement des ulcérations primitives. L’examen microscopique et les cultures en assurent l’identification et orientent vers les traitements appropriés.Certaines parasitoses (leishmanioses, filarioses) sont également à l’origine de lésions ulcéreuses dans les pays tropicaux ou subtropicaux.Divers facteurs étiologiques s’associent pour déterminer l’ulcère de la jambe dit «variqueux», le plus fréquent des ulcères chroniques. Siégeant habituellement au tiers inférieur de la jambe, de taille variable, il a des contours ovalaires, un fond rouge plus ou moins bourgeonnant souvent recouvert d’une couenne, des bords évasés souvent infiltrés et violacés. L’examen comportera un bilan systématique portant sur le tégument périulcéreux fréquemment infecté (dermoépidermite microbienne), siège de lésion de capillarite (dermite ocre) sur le tissu sous-cutané, souvent œdématié ou scléreux, sur les veines souvent variqueuses ou obstruées par une phlébite antérieure. On doit encore étudier les artères, le squelette (que frappe une ostéopériostite souvent étendue), les nerfs (atteints de névrite particulièrement douloureuse) et l’état général (obésité ou au contraire dénutrition, diabète). Ces explorations conduisent à de minutieux traitements locaux et généraux, appropriés à chaque cas.Le phagédénisme , complication possible de toutes les ulcérations, désigne une tendance inhabituelle à l’extension, sans tendance à la cicatrisation en dépit du traitement. D’apparence primitive, le phagédénisme géométrique s’étend excentriquement en surface par les progrès d’un bourrelet creusé de clapiers purulents. Encore nommée pyoderma gangrenosum , cette dermatose tire son intérêt du rôle étiologique de foyers infectieux profonds (notamment une colite ulcéreuse) et d’un déficit immunitaire par hypogammaglobulinémie ou paraprotéinémie de type myélomateux.
Encyclopédie Universelle. 2012.